Le Conseil fédéral est chargé de faire usage de la compétence qui lui est dévolue par l’art. 14, al. 1, de la loi sur la protection des animaux pour frapper d’interdiction l’importation du foie gras.
Tous les pays européens ou presque interdisent le gavage des oies et des canards, avec de rares exceptions comme la France, la Hongrie ou la Bulgarie. De plus en plus de pays civilisés n’acceptent plus en effet que des animaux doivent subir des souffrances aussi indescriptibles qu’inutiles pour le » plaisir » discutable de certains. En Suisse même, la production de foie gras est interdite depuis plus de 40 ans.

Pour produire du foie gras, de jeunes oies et canards mâles sont gavés de force plusieurs fois par jour au moyen d’un tube jusqu’à ce que leur foie atteigne dix fois sa taille normale, et subit parfois des déchirures. Ces animaux doivent en outre endurer souvent d’autres souffrances : ailes brisées, lésions douloureuses, cou percé par le tube de gavage. Cette pratique présente toutes les caractéristiques de la maltraitance animalière et est donc évidemment interdite en Suisse sous peine de sanctions pénales.

Il est particulièrement révoltant de voir la Suisse soumettre d’une main sa propre agriculture à des règles strictes au point d’interdire la production de produits animaux issus de pratiques cruelles et de l’autre importer de tels produits et soutenir ainsi activement ces mêmes pratiques. Des enquêtes représentatives montrent du reste que la population suisse est majoritairement acquise à une interdiction de produits obtenus par gavage.

Ces considérations ont amené la ville de New York à interdire la vente de foie gras et de nombreux chefs cuisiniers à renoncer à des produits issus de pratiques cruelles pour créer des plats nouveaux répondant davantage aux valeurs d’une société à la fois humaine et éclairée. Il existe par ailleurs de nombreux produits de substitution réalisés sans recours au gavage.

Interdire l’importation du foie gras serait également compatible avec les engagements commerciaux pris par la Suisse. Les accords prévoient tous en effet des dérogations possibles pour les mesures nécessaires à la protection de la moralité publique ou de la vie ou de la santé des animaux. Or, la plus haute autorité judiciaire de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a expressément reconnu que la protection des animaux fait partie de la moralité publique.Il est temps que la Suisse cesse elle aussi de soutenir à l’étranger des méthodes de production aussi cruelles.